La révolution des mots

  • Elle danse, on dirait qu’elle prie, elle danse l’espérance.
    Elle danse et elle pleure, le cœur à la renverse,
    Elle frôle sans cesse la catastrophe.
    Elle danse des nuits entières, des heures immenses,
    Et elle danserait tout l’hiver pour affamer l’été.

    Sous tes paupières en pleurs, sous tes paupières en pleurs.

    Elle danse comme une araignée qui a perdu sa toile.
    Tu caresses ses secrets, ses drôles d’histoires, ses galères.
    Et sous les monstrueux nuages qui se déplacent,
    Elle délire jusqu’à en embrasser les étoiles…
    C’est parce qu’elle veut vous dire qu’elle vous adore.
    Sous tes paupières en pleurs, sous tes paupières en pleurs.

    Elle danse avec son corps pour briser le silence
    Comme une poussière qui ne sait plus quelle langue chanter,
    Elle sourit et ce sont ses plus jolis mots.
    Et dans ce jeu sans aucune indifférence,
    Elle est à tes yeux l’étrangère à la majestueuse beauté.

    Elle sait qu’elle doit être libre comme l’air,
    Elle le sait, mais elle se demande pourquoi…
    Elle se demande aussi si demain va s’ouvrir comme hier.

    Sous tes paupières en pleurs, sous tes paupières en pleurs.

    Que veux tu que je te dise ?
    Elle offre des larmes à tes joues asséchées.
    Comme une fleur sauvage, elle danse sur l’Hamiz.

    Elle danse à la folie, à en devenir une martyre.
    Elle danse jusqu’à ne plus rire, et tout l’indiffère.
    Elle cherche sans concessions le plus beau chemin
    Pour s’envoler sous d’autres sphères. Elle veut s’enfuir,
    Elle danse et n’a que son cœur pour traverser les frontières.
  • La fille du vent quand elle scintille
    Dans les voiles son sang hume
    Une mélancolique mélodie
    Qui file vers le nord

    La fille du vent quand elle oscille
    Au fil des vagues crache son écume
    Mystérieuse et lancinante mélodie
    Caressant le sort

    La fille du vent quand elle frétille
    Fleur sans merci aux lueurs de la lune
    Rebelle qui valse à ses envies
    Sans écouter ses remords

    La fille du vent cette fille
    Ni d’Eve ni d’Adam sans rancune
    Fume le destin de sa vie
    En rêvant des Açores

    La fille du vent sombre ou pétille
    Grimace aux passants bercés par Neptune
    Par un courant d’air alanguie
    Elle a jeté l’encre au port

    La fille du vent
    valse et vacille
    la fille du vent
  • Des heures des heures et des heures
    Et quatre secondes seulement
    pour que tu meurs

    je ne te dis pas : à tout à l’heure
    je ne te dis pas : on verra demain
    aux hypocrites et aux menteurs
    qui brisent les rêves des gamins
    la douleur est à chaque seconde
    et le mépris, lui, dure des heures

    Des heures des heures et des heures
    Et quatre secondes seulement
    pour que tu meurs

    au lieu de jouer avec ton PDA
    compose plutôt un SMS
    pour les gosses du Libéria
    qui sousvivent grâce à l’OMS
    la faim qui ronge à chaque seconde
    et l’oubli qui, lui, dure des heures

    Des heures des heures et des heures
    Et quatre secondes seulement
    pour que tu meurs

    et nous restons assis en silence
    en parrains des belles dictatures
    dis moi chichi à quoi tu penses
    quand tu impoïses ta nourriture
    l’indifférence à chaque seconde
    et l’agonie qui dure des heures
  • Rick Margitza and his band 06/2004

    Au Duc Des Lombards
    Rick et son sax sombre
    Dans un délit d ‘émotion
    Scintillent dans le brouillard
    D’un incendie de splendeur
    La jungle trouble des percussions
    Sourit au rêve zigzag en poussières d’étoiles
    Un ricanement somptueux
    Flirte avec la danse ballerine du piano
    Reine majestueuse
    Pluie tropicale ensorcelante
    Sème la zizanie
    L’allure dilettante la contrebasse
    Se promène sur un chemin féerique
    Cadillac décolorée à l’accent tragique
    Les éclats d’ivresse des cymbales
    Douces amères mélancoliques
    Sculptent les frissons.
  • Serait-il né de la dernière pluie ?
    Cet inconnu, ce prétentieux
    Qui chaparde le temps…
    Ce chien…Chemine dans la nuit,
    Je le vois serpentant
    Au fin fond de mes yeux. Ce chien…

    Ce chien de temps,
    Celui qui aboie dans son coin,
    Celui au sourire mesquin
    Qui attend tifs au vent
    Que la grisaille le noie
    Sur le mélancolique chemin. Ce chien…

    Ce chien de temps
    Qui mâche son chewing-gum
    Dans ce capharnaüm
    De sombres questionnements
    Qui narguent la magie
    Noyée dans le décorum. Ce chien…

    Ce chien de temps
    Aux crocs assassins,
    Qui reluque son destin,
    Qui demande tout le temps
    A sortir, même en pleine tempête,
    Pour faire les cent pas, l’œil malin. Ce chien…

    Ce chien de temps,
    Les yeux rivés vers la mer,
    Ce clown de l’univers
    Qui parle au chagrin.
    L’air ahuri, il se déguise,
    En monstre de poussière. Ce chien…

    Ce chien de temps,
    Ce crachin d’amertume
    Qui arrime son enclume
    Pour mieux jouer le jour clément.
    Il tourne en rond sur la banquise
    Dans son guenilleux costume. Ce chien…

    Ce chien…
    Ce chien…
    Dément.
    Ce chien…
    Dément.
  • Moteur, et sous le feu des projecteurs,
    Sans le savoir, en contre-plongée,
    Je me noie sous tes apparitions.
    Et toi, électrocutée, dirait-on…
    Tu t’exécutes dès qu’il dit : action !
    A des rôles si symboliques.

    Depuis, j’me filme des faits,
    Figure toi, j’me filme des faits.
    On me dit pourtant que ce n’est pas toi,
    Mais méfies toi, j’en fais fi…

    Moteur, et sous le feu des projecteurs,
    Sous tes cernes, danse ce western.
    Je me suis lentement alangui
    Dans le beau canapé de tes ébats.
    Je n’ai pourtant pas réécris l’histoire
    Ne serais-ce que pour t’envisager.

    Depuis, j’me filme des faits,
    Figure toi, j’me filme des faits.
    On me dit pourtant que ce n’est pas toi,
    Mais méfies toi, j’en fais fi…

    Ce serait un doux sitcom ou un péplum,
    Peu importe, quand tu me fais signe,
    Je veux, au paradis, m’en aller.
    Tous ces scénarios, ces caméramans,
    Toutes ces foutues mises en scènes,
    Et moi le pauvre figurant…

    Depuis, j’me filme des faits,
    Figure toi, j’me filme des faits.
    On me dit pourtant que ce n’est pas toi,
    Mais méfies toi, j’en fais fi…

    C’était un si beau casting,
    Nous dansions tous deux
    Dans un long métrage,
    Vingt minutes de plan séquence.
    Je nous vois, comme c’est troublant.
    Est ce sans conséquence?
  • Oh Margot
    Tu oublies même
    Dans le lit de ton chant
    Que ma vie en contre-champ
    Est une ombre qui te ment.

    Oh Margot
    Tu oublies même
    Dans le fruit de ton sang
    Que ma vie insidieusement
    Se dérobe à chaque instant.

    Et pour enterrer tous ces faux sentiments,
    M'aideras-tu à démasquer le visage
    De mes tourments…

    Oh Margot
    Tu oublies même
    Que ma vie se méprend
    Dans le maquis indécent
    De tes accrocs désarmants.

    Oh Margot
    Tu oublies même
    Dans tes délires souvent
    Que nos coeurs incandescents
    Ne sont plus qu'un tas de cendres.

    Et pour enterrer tous ces faux sentiments,
    M'aideras-tu à démasquer le visage
    De mes tourments…

    Oh Margot
    Tu sais pourtant
    Comme j'aimerais vraiment
    Fusiller ces faux semblants
    Et ces regards désolants.

    Et maintenant,
    Avance en rêvant…
    Viens lentement,
    Viens me découvrir,
    Le temps d'un soupir…
    Margot…
  • Ils globalisent, tu délocalises,
    Et moi qu’est ce que je fais là ?
    Je ramasse et j’épluche les olives.

    Des compromissions, des concessions,
    Cela va de soi… Etc etc etc…
    Et que je te gobe ton charabia.

    Ils conceptualisent, tu rentabilises,
    Et moi qu’est ce que je fais là ?
    Je me rendors face au TV achat.

    Du spectaculaire, de l’interstellaire,
    Et pourquoi pas… Etc etc etc..
    Et que je te gobe ton charabia.

    Ils modernisent, tu sensibilises,
    Et moi qu’est ce que je fais là ?
    Je me rends à ton colloque.

    Des conférences, des références,
    En la matière… Etc etc etc..
    Et que je te gobe ton charabia.

    Ils rationalisent, tu hiérarchises,
    Et moi qu’est ce que je fais là ?
    Je pointe à 9 heures précises tous les matins.

    Des problématiques, des diagnostics,
    Aux besoins du marché… Etc etc etc..
    Et que je te gobe ton charabia.

    Ils uniformisent, tu rases la Tour de Pise,
    Et moi qu’est ce que je fais là ?
    Je regarde tout ça, j’observe les dégâts.

    De l’adaptabilité, de la conformité ?
    Aux normes en vigueur… Etc etc etc..
    Et que je te gobe ton charabia.